Mai 2022 – 5 jours – 6 étapes

6 années se sont passées avant de terminer le GR20. Entre temps, nous n’avons pas chômé, 2 déménagements, 2 enfants, 2 changements de boulots, 1 an de rénovation de maison, mais finir le GR20, nous tenait à cœur. Alors pour cette année 2022, nous avons pris le temps et nous y sommes retournés.
Enceinte de 5 mois, au départ de la partie sud, celle-ci s’est révélée moins escarpée, moins minérale mais tout aussi jolie. Etre enceinte, sur le GR n’est pas un problème, en prenant certaines précautions. A savoir, être assez sportive, moins charger son sac (10 kg pour moi), aller moins vite et s’écouter.
Pour cette partie, nous avons doublé des étapes, et avons terminé en 5 jours contre 7, dans les nouveaux topos. Attention, nous sommes, de nouveau partis, avec notre ancien topo qui ne comporte que 15 étapes contre 16 dans les plus récents.
Notre itinéraire : partie sud : 6 étapes en 5 jours (cf topo-guide – FFR -Ref 067)
1er jour : Lyon – Ajaccio – Vizzavona – Refuge d’E Capannelle (étape 10)
2e jour : refuge d’E Capannelle – refuge de Prati (étape 11)
3e jour : refuge de Prati – refuge d’Uscioli, par la variante de l’ancien GR (descend pas aux bergeries) = Bivouac à la passerelle sur le Fircenchesu (étape 12)
4e jour : passerelle sur le Fircenchesu – refuge d’Asinau – Foce di Bavedda (étape 13)
5e jour : Foce di Bavedda – refuge d’I Paliri – Conca (étape 14 + 15 selon notre topo)
1e jour : notre premier jour fût long car nous avons réalisé la 10e étape, dès notre arrivée. A l’aéroport d’Ajaccio, nous avons pris un bus (ticket à acheter à la sortie de l’aéroport, aux bornes bleues), afin d’aller à la gare ferroviaire pour prendre le train qui mène à Vizzavona. Vizzavona, mêmes paysages, même ambiance qu’il y a 6 ans, nous sommes de nouveau dans la partie.
Cette première étape pose le décor, cette partie sera plus végétale, plus boisée que ne l’est la partie nord. Nous empruntons sentiers et bosquets, pour atteindre 1640 m et la Bocca Palmente. Nous passons devant les bergeries d’Alzeta puis continuons jusqu’à la crête d’U Cardu. Nous traversons les bergeries d’E Scarpaceghje puis reprenons un itinéraire assez raide pour atteindre la crête de Ciufidu pour finir par descendre sur le refuge d’E Capannelle. A cette période de l’année, il n’y a que peu de monde, la saison commence juste et les refuges viennent d’ouvrir. Nous avons la chance de pouvoir prendre une douche chaude et nous plantons notre tente, avant de manger au réchaud, le premier repas d’une longue lignée.





2e jour : nous quittons, tôt, le refuge d’E Capannelle pour nous rendre au refuge de Prati. Nous traversons des sous-bois pour atteindre les bergeries d’E Traghjette puis le plateau de Ghjalgone. Arrivés à la Bocca di Verde, faites une pause car la fin de l’étape menant à la Bocca d’Oru puis au refuge de Prati, est assez raide. Des gardiens sympas, une Pietra, une belle vue et le GR20 commence à nous révéler ses atouts.





3e jour : nous quittons le refuge de Prati tôt le matin, car cette journée va être longue. Nous réalisons une étape et demie. Ce 3e jour commence par une montée, qui emmène sur l’arête faîtière, sur laquelle on reste un bon moment. En changeant de versant, on arrive à la Punta di a Cappella. Cette étape est assez aérienne mais moins vertigineuse que la partie nord. Nous sommes à flancs de falaises, une bonne partie de l’étape, nous offrant de superbes paysages. Une fois passée, la Punta di a Cappella, on rejoint le refuge d’Usciolu.
Sincèrement, nous avons été déçus du refuge. Il n’est ni accueillant, ni très propre (amoncellement de poubelles à ciel ouvert) et lorsque le gardien nous demande d’attendre 20 min avant de nous donner notre salade saupiquet car il doit rentrer ses ânes, on hallucine un peu, est-il sérieux ?! Oui, en Corse, le corse est toujours sérieux !! Le voila parti rentrer ses ânes en nous laissant en plan. A se demander, si les randonneurs sont toujours les bienvenus… .
Quant à nous, nous mangeons et repartons aussi sec en direction de la passerelle suspendue d’U Traghettu d’U Furcinchesu. Nous traversons des étendues qui ressemblent aux pozzines, du lac de Nino, sur la partie nord. L’étape est longue, la fatigue est présente et après 10h de marche, nous ne rêvions que d’une chose : nous coucher mais la rencontre avec des cochons sauvages, qui semble être un savant mélange entre le sanglier et le cochon, va nous rallonger sensiblement la journée. En effet, il a fallut attendre que les cochons veuillent bien nous laisser l’accès au sentier, puis passer en surveillant qu’ils ne nous suivent pas et enfin, au vu de leur poids plume, nous avons dû créer une barrière « anti-cochons » autour de la tente, sait-on jamais…. Heureusement, le ruisseau situé en contrebas de la passerelle, permet une petite toilette froide, mais appréciable, après ces dernières émotions.
Attention, pour ce 3e jour, nous avons fait le choix de ne pas descendre aux bergeries de Crocce pour remonter au refuge d’Acinau (prévu au 4e jour), nous faisant perdre du temps et de l’énergie. Nous avons suivi l‘ancien tracé du GR (balisage jaune), qui permet de traverser le versant, en diagonale, et de faire notre étape en passant par le sommet du Mont Incudine, avec sa vue époustouflante, nous n’avons pas regretté.














4e jour : nous repartons de la passerelle, et reprenons le tracé normal du GR (balisage rouge et blanc) pour nous diriger au refuge d’Asinau puis au col de Bavella (foce di bavedda). Le temps est toujours avec nous, l’itinéraire monte en lacets dans une forêt d’hêtres pour arriver au vestiges de l’ancien refuge I Pediniddi. L’arrivée au sommet de l’Alcudina (Mont Incudine) nous offre un superbe panorama sur les aiguilles de Bavella.





Que la vue est belle, cette sensation d’être en totale déconnexion est juste fabuleuse. Dans nos vies, où tout va si vite, un peu de hauteur, d’air frais et de silence, font un bien fou au moral. Même enceinte, je parviens à faire toutes les étapes et à apprécier alors même que baby était en train de danser la java. Après une longue descente, bien raide et caillouteuse, nous arrivons au refuge d’Acinau et découvrons un gardien très pro. Celui-ci lavait les sols, et nous a simplement demandé d’attendre qu’ils sèchent avant de nous donner notre boisson. Oui, le randonneur n’est plus la priorité des gardiens, visiblement. Nous continuons la journée pour atteindre le col de Bavella (Foce di Bavedda).
Au regard de ma grossesse, nous n’avons pas pris la variante alpine des aiguilles de Bavella, même si jusqu’à son intersection, celle-ci m’a fait de l’œil. Nous pensions pouvoir camper au col de Bavella, et nous avons été surpris de découvrir que tout le site de Bavella est devenu classé et aménagé en hôtels, nous n’avions nul part où planter la tente. Aurélien, ayant de nouveau mal au tendon (cause qui nous a fait stopper le GR nord, à Vizzavona, en 2016), et notre fatigue de la journée, ont eu raison de notre envie d’avancer jusqu’au refuge d’I Paliri (encore à 5 km et 200 m D +). Nous décidons de dormir sur place, (il y a des dortoirs payants) . A 24h de la fin du GR sud, je peux vous dire que cela recharge les batteries, pas de tente à monter, pas de réchaud, pas de stress quant à la météo, juste une soirée à profiter et à mettre les pieds sous la table.
5e jour : THE dernier jour du GR20, l’impatience, l’adrénaline, l’excitation se font ressentir et nous partons au plus tôt terminer cette Grande Randonnée. Le départ du col de Bavella, se fait à travers forêts et sentiers. Le temps est maussade et se découvrira par la suite. L’accès au refuge d’I Paliri est raide et monte pas mal mais l’imprenable panorama nous aide à gravir ce dénivelé. Le refuge d’ I Paliri est acceuillant et chaleureux et sa vue sur les aiguilles de Bavella, est à couper le souffle. Nous prenons le temps d’y boire le café et de contempler ce petit paradis niché à travers les pins, en altitude et sans personne. En même temps, il devait être à peine 9h du matin lorsque nous y arrivons 🙂 .


















Plus nous avançons et plus la baie de Porto Vecchio se dessine, nous faisant prendre conscience que nous sommes proche de la fin. Nous avons hâte et en même temps cette bulle de solitude de 5 jours est tellement agréable. Ces dernières heures entre I Paliri et Conca se composent principalement de descentes entre sentiers et sentiers caillouteux. Nous longeons les falaises durant un bon moment, avant de plonger sur les ruines de Cappedu. Un sandwich plus tard, et la pluie nous rattrapant, première fois du séjour, nous redescendons au plus vite sur Conca, sonnant ainsi le glas du GR20 – 180 km – 12000 m de dénivelé.
Mot de la fin : nous sommes ravis et fiers, avec Aurélien, d’avoir réalisé le mythique GR20. Finir le GR20 enceinte n’était pas prévu mais le corps médical n’y a vu aucun inconvénient, à condition de veiller au moindre signe. Certes, sur la partie sud, les chemins sont plus roulants et moins techniques, mais il n’en reste pas moins que nous sommes sur une randonnée de montagne, et qu’il ne faut pas négliger les quelques passages aériens et escarpés avec des roches plutôt friables.
Côté refuges, nous avons été plutôt déçus, même ressenti qu’en 2016. A l’époque, le nombre de tentes en location n’étaient pas si élevé qu’aujourd’hui, et l’on ne peut que constater que le business lié à la renommée du GR est en train de prendre le dessus sur son authenticité, entachant ainsi l’esprit initial du trek.
Aspects pratiques :
Transports : avion Lyon – Ajaccio
Ajaccio – Vizzavona : prendre le bus jusqu’à la gare ferroviaire puis prendre le train menant à Vizzavona
Hébergements : sous tente
Repas : pique nique + réchaud + un restaurant au col de Bavella
Climat : nous n’avons eu que du beau temps toute la semaine. Pas trop chaud ni trop froid la nuit, des températures idéales !
Vêtements :
Edith : 1 sac de randonnée chargé à 10 kg, 1 matelas autogonflant thermarest, 1 duvet, 1 caleçon 3/4, 1 pantalon long, 3 tee-shirts, des sous-vêtements pour 4 jours, 1 Gore tex, 1 paire de chaussures de randonnée basse, 1 paire de bâtons de marche, 1 polaire, 1 cartouche de gaz, 1 pharmacie
Aurélien : 1 sac de randonnée chargé à 15 kg contenant : 1 matelas autogonflant thermarest, 1 duvet, 1 caleçon 3/4, 1 caleçon long et 4 tee-shirt, des sous vêtements pour 4 jours, 1 Gore tex, 1 paire de chaussure de randonnée montante, 1 paire de bâtons de marche, 1 polaire, 1 réchaud, 1 tente, des repas pour 5 jours.